POÈMES

POÈMES

Auteur Źmicier Zacharevič
Traduction: Christine Biloré
 

 
À MICHAIŁ ŻYŹNIEWSKI*

Celui qui combat,
Ne meurt pas…
En son cœur une balle
Et le sang épais
Sur la neige immaculée
S’étale.
L’âme libérée
Le corps figé

Ce n’est pas à l’étranger,
Ni sur les marchés,
Mais dans la fumée noire
Au milieu des incendies.
Pas dans le silence endormi,
Mais dans le feu des combats.
Et sur la Tisza, un canard
Nage vers le paradis**.

Adieu, maman,
Ne pleure pas ton fils.
Au son des surma***,
Parmi mes frères d’armes,
Sur les barricades
De la lumière et de la liberté,
Je suis à l’avant-garde
De la garde céleste.

Nous ne nous sommes pas assoupis
Sous un ciel lointain.
CELUI QUI COMBAT,
NE MEURT PAS !

*Michaił Żyźniewski, journaliste biélorusse, parmi les premiers à perdre la vie sur la place de Maïdan à Kiev, le 22 janvier 2014, lors de la Révolution de la dignité. Il a reçu l’Ordre des Héros de la Centurie céleste et le titre de Héros de l’Ukraine.

** Un canard nage sur la Tisza (Plyve kacha po Tisini) est une chanson traditionnelle ukrainienne qu’aimait beaucoup Michaił. Elle a été reprise lors du requiem en hommage aux personnes tombées à Maïdan.

*** Instrument de musique folklorique, sorte de trompette.

AUX HÉROS DE LA GUERRE SANS FIN

Cela sent fort le thym près de la Croix de la patrie tombée au sol
Où dans mes rêves, un espoir extrême s’envole,
Là où, chaque nuit, comme ressuscités,
Les Héros de cette guerre sans fin pour la liberté,
Apparaissent sous mes yeux.

J’entends leurs voix perçant le silence des ténèbres :
Croyez-vous que nous ayons quitté cette terre éprouvée ?
Non, nous n’avons pas abandonné l’humanité désespérée,
Nous sommes là dans les poèmes et les prières funèbres,
Comme avant pour vos aïeux.

Sans vaciller, nous gardons les temples de l’éternité,
Sur la voie du doute, nos cœurs brûlent d’un feu ardent,
Tel le reproche redoutable de vos ancêtres aux traitres timorés
Qui ont suivi sans réfléchir le courant des mensonges séduisants.

De Maïdan au Donbass, aux côtés des insurgés,
Place Lukiškės** ou à Shklov*, auprès des prisonniers,
Peu importe les chants de l’ennemi en action,
Adorés par leur pays toujours victorieux,
Les héros de cette guerre de libération
Vivront éternellement en nos cœurs glorieux !

* Kastous Kalinowski, écrivain polono-biélorusse, a été exécuté sur la place Lukiškės de Vilnius, le 22 mars 1864, pour s’être opposé aux russes.

**Vitold Ashurak, prisonnier politique, a été battu à mort le 21 mai 2021 dans la colonie pénitentiaire n°17 de Shklov.